Merci

Publié le 15 Novembre 2015

Ce soir, quelques mots simples, dans leur nudité, juste une tranche de vie, une résonance.
En ce début de nuit je suis allé me recueillir à l'angle de la place de l'hôtel de ville, là où des anonymes ont allumé une bougie, déposé un mot, une fleur, et d'un si petit geste ont participé à s'unir dans un lien d'humanité que rien ne peut détruire. Ils ne sont enfermés dans aucun parti, aucune petite boîte, aucune petite religion. Et leurs larmes contenues ou non, ont plus de force que les armes des bourreaux.
J'avais choisi cette heure pour être seul, mieux m'imprégner de ce moment, mieux intérioriser cet instant, comme pour renforcer mes convictions, ou me lier à un serment de ne jamais céder à cette barbarie. Nulli cedo.
Et une personne âgée, vraisemblablement d'origine maghrébine s'est approchée de moi. Moi, le blond, si gaulois, si droit dans mes bottes, ma rage et mes convictions.
Elle m'a touché l'épaule et m'a dit "condoléances", "ce ne sont des fous, Dieu n'est pas avec eux". Il avait honte, honte que des enfants dont les aïeux avaient émigré du maghreb, se proclamant de l'islam est commis cette atrocité. Honte de se sentir lié à eux. Honte et triste.
Je lui ai dit quelques mots que je ne saurais transcrire.
Mais mon frère, quelle est la couleur de ton sang ? quelle est la couleur de ton âme ?
Moi j'ai honte... honte que tu penses que je te mêle à ces barbares. J'ai honte que tu penses que je t'exclus de notre douleur, honte que tu imagines que je puisse penser que tu ne peux l'exprimer avec la même force, sinon plus que moi, honte que tu imagines que tu ne puisses apporter à notre avenir autant sinon plus que moi, honte que tu puisses imaginer que tes enfants ne seront pas les miens.
Tu t'es excusé de ne pouvoir rester plus longtemps à côté de moi. Je voulais être seul, et toi, tu m'as apporté beauc
oup. Alors merci

Rédigé par nilrem

Publié dans #textes

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